Interstellar: critical analysis of the last Nolan’s film (in French)

By Sunday, December 21, 2014 0 No tags 0

Interstellar is the most ambitious Christopher Nolan’s movie. He has managed to implement an intelligent, epic and masterful movie for general audience but also for a more informed public.
Interstellar uses many references as Stanley Kubrick, Terrence Malick and Andrei Tarkovsky. These references are essential because they allow to understand the entirety Nolan’s film. In my analysis I will try to explain the links between Interstellar and references used.

 

Interstellar dernier film de Christopher Nolan qui pendant longtemps a été présenté comme « un voyage repoussant les limites de nos connaissances scientifiques actuelles ». Une description peut être un peu prétentieuse pour un réalisateur de blockbuster qui essaye avant tout de toucher un très large publique. Mais derrière les théories scientifiques se cachent des messages sous-jacents à l’intrigue principale liés aux nombreuses références dont le film fait appel. Il faut dire que ce projet est en étude depuis longtemps vu que le développement du film a commencé en 2006 par l’astrophysicien Kip Thorne. Il devait tout d’abord être réalisé par Steven Spielberg mais ce dernier par manque de temps à proposé la réalisation à Christopher Nolan. Il officialisa qu’il travaillait bien sur ce film en 2012.

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Souhaitant en montrer le moins possible avant la sortie du film, les différentes bandes annonces n’ont jamais divulgué l’intrigue principale mais par contre elles ont permis de dévoiler un style de réalisation différent de ces derniers longs métrages. On remarque une très forte similitude avec la photographie de Terrence Malick. Cela se ressentait dès la première bande annonce où l’on avait une succession de plan très contemplatifs, sublimés par une lumière naturelle et un montage lent. Le tout monté sur la voix de Matthew McConaughey grave et sur un ton moralisateur. Cela nous rappelle ainsi les nombreux narrateurs que Terrence Malick utilisent dans ses films lorsqu’il pose des questions assez existentielles sur ses personnages et leurs destinées, notamment dans The Tree of life et dans To the Wonder !

Une analogie aux  Moissons du ciel

La première référence que Nolan utilise est la ferme où habite la famille qui nous rappelle visuellement celle que l’on trouve dans Les Moissons du ciel de Terrence Malick.
Dans Les Moissons du ciel cet endroit représente un paradis utopique pour les personnages principaux. Paradis utopique qui va vite devenir un véritable cauchemar pour les personnages à cause de l’intrigue principale.

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Ce qui interpelle c’est que dans Interstellar, cette ferme renvoie aux mêmes symboles. De manière métaphorique et dans l’univers du film elle représente la terre. A l’image de la terre, la ferme est vieille, sale, malmenée par les éléments naturels, elle est très instable. Finalement elle représente l’ancien temps, l’ancien temps idéalisé par le héros celui des découvertes et des avancées de la science. C’est finalement un ancien paradis qui n’est plus accessible désormais, un paradis utopique comme dans le film de Terrence Malick. D’ailleurs Cooper ne peut plus piloter non plus, il ne fait que survivre au début du film mais sa vie appartient bien au passé lorsqu’il était encore pilote pour la Nasa.

Mais cette première partie sert surtout à montrer l’amour qu’il éprouve pour ses enfants et principalement pour sa fille. Le frère est très rapidement écarté et il n’y a que la relation avec sa fille qui est mise en avant. Tout au long du film il n’est d’ailleurs animé que par une seule chose, revoir sa fille et réussir à la sauver.

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Cela nous amène directement à la fin du film lorsqu’il se trouve à l’intérieur du trou noir. Au moment où l’on pense que Cooper va mourir, il commence pour « la dernière fois » à communiquer avec sa fille. Le lien entre les deux personnages est tellement fort que ce qui se passe peut s’apparenter à de la télépathie. C’est d’ailleurs regrettable que Nolan ai autant voulu faire quelque chose de si logique et cartésien avec le jeu de la bibliothèque. A ce moment-là du film le spectateur était en pleine science-fiction, en plein onirisme et je trouve que cela tranche de façon violente avec l’univers imaginaire qu’il avait construit tout au long du film. Il avait presque réussi à repousser les frontières spatiales comme il en avait l’objectif mais avec ce passage il revient en arrière car on a le droit à un simple enchaînement de scènes où le héros poussent des livres, si on simplifie ce qui se passe à l’écran. La communication n’est pas assez spirituelle et onirique à mon goût.

Des liens symboliques tirés de l’univers de Stanley Kubrick

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De manière visuelle le passage dans la 5 ème dimension nous rappelle la séquence de 2001 l’odyssée de l’espace « Jupiter and Beyond the Infinite ». Egalement le passage dans le trou de ver ce révèle assez proche de cette séquence notamment à cause des distorsions spatiales et temporelles autour du vaisseau que l’on aperçoit pendant toute la traversée vers les planètes théoriquement habitables.

Dans le film de Kubrick ce passage emmène un des personnages de l’histoire dans ce que l’on pourrait appeler l’au-delà. Le personnage semble à ce moment commencer une sorte d’ascension physique et spirituelle. C’est un moment du film que j’avais analysé dans mon mémoire de dernière année d’étude et j’en avais conclu grâce aux comportements du personnage principal et aux effets visuels utilisés que le héros était dans un état de rêve lucide. Ce terme évoqué par Léon d’Hervey de Saint-Denys dans son livre « Les rêves et les moyens de les diriger » décrit le fait qu’un rêve peut être contrôlable. J’évoque cette notion de rêve car Cooper ne fait-il pas un rêve lui aussi ? Lui aussi se trouve être dans une sorte de rêve éveillé. En l’occurrence cet état physiologique et psychologique a déjà été remarqué dans la religion bouddhisme. Elle est une étape de préparation pour l’au-delà. Ce qui étrangement coïncide avec la fin du film car Dave (David Bowman
) dans 2001 après sa mort renait devant la terre, devenant en quelque sorte le gardien de l’humanité où la dernière évolution de l’homme le « fœtus astral ».

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Il y a d’ailleurs ici une étrange similitude avec le film de Nolan. Car Cooper à la fin du long métrage est retrouvé inerte dans l’espace devant Jupiter très proche du dernier vaisseau où l’humanité a trouvé refuge. Il est donc réellement devenu à son tour le gardien de l’humanité, c’est une réponse direct au film de Kubrick, Cooper a effectué la même ascension que Dave.

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Il serait inutile de citer les innombrables références à 2001 dans Interstellar même si les robots à l’allure minimaliste nous font penser dès leurs premières apparitions au monolithe noir de Kubrick ! Leurs formes est très proche et on peut se demander si ce n’est pas encore une tentative d’évolution de la part de Nolan ! Dans 2001 le monolithe symbolisait un objet mystérieux apportant l’intelligence à l’humanité. C’est là où le rapprochement est troublant car dans Interstellar ils sont dotés d’intelligence, ils communiquent avec les humains et ils sont là pour les assister. Une sorte de Hal docile même si il faut reconnaître que leur stature imposante leur donne un caractère peu attrayant, un mélange d’intelligence artificiel de 2001 avec les robots d’Isaac Assimov.

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On peut aussi parler de la séquence d’amarrage extrême qui est très certainement un clin d’œil au dernier amarrage de Dave lorsque Hal refuse de lui ouvrir le sas dans 2001, une scène d’une grande lenteur qui se relève bien plus proche de la réalité. Mais dans Interstellar Cooper doit synchroniser son vaisseau avec la rotation de la navette en orbite, une évolution en terme d’intensité de la valse d’introduction dans 2001 mais sans la finesse et la grâce de Kubrick il faut le reconnaître.

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Une réflexion s’approchant de la philosophie de The Three of Life

Il y a de nombreux éléments visuels qui nous font penser au film de Terrence Malick principalement les plans de contemplation spatiale.

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Mais ce qui est troublant c’est bien le personnage de la fille de Cooper, Murph joué par Jessica Chastain. En comparant son personnage avec celui qu’elle interprète dans The Tree of Life on remarque de nombreuses similitudes. Il est essentiel de rappeler que l’objectif de The Tree Of Life était de faire comprendre au spectateur qu’ils existaient deux voies que les hommes pouvaient suivre dans leur existence, la voie de la nature et la voie de la grâce. Le but du film nous est expliqué au début du long métrage dans l’introduction lorsque le narrateur joué par Jessica Chastain nous dit :

Il y a deux voies dans l’existence : la voie de la nature et la voie de la grâce. Il vous faut choisir celle que vous suivrez. La nature est avare et aime mieux recevoir que donner; elle cherche son bien particulier et personnel. La grâce est généreuse et universelle; elle ignore son intérêt propre, se contente de peu et croit qu’il y a plus de bonheur à donner qu’à recevoir.

Malick nous cite en réalité un passage de l’œuvre L’imitation de Jésus-Christ. Toute la philosophie du film est basée sur la confrontation de ces deux voies, la voie de la nature étant représentée par Brad Pitt et celle de la grâce par Jessica Chastain. Et en regardant plus attentivement Interstellar on remarque que ces deux voies sont représentées dans le film de Nolan par Murph et le fils de cooper Tom joué par Casey Affleck.

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Dans Interstellar, Tom comme Brad Pitt est totalement incapable de voir que l’humanité a encore un avenir. Il est aveugle et ne remarque même pas que sa famille souffre dans la ferme familiale. Il ne peut pas se remettre en question et son personnage est dans l’incapacité d’évoluer, il s’obstine à rester dans la ferme de son père. En réalité il applique la loi du plus fort comme Brad Pitt dans The Tree of Life, seul le plus fort survivra.
Murph est à l’extrême opposée, elle garde toujours espoir même en la revenue de son père et elle consacre tout sa vie à trouver une solution pour sauver la race humaine. Le jeu de Jessica est semblable à celui qu’elle tient dans The Three of Life. Cooper quant à lui ne fait partie selon moi d’aucune des deux voies car il est animé que par une seule chose pendant le film, revoir et sauver sa fille. Cet objectif l’obstruit d’une plus grande profondeur même si le personnage reste très intéressant car il est joué par Matthew mcconaughey.

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De mon point de vue Interstellar n’est donc pas du tout une honte ou un film scientifique stupide comme j’ai pu lire sur certaines critiques. Les aspects scientifiques ne sont qu’un aspect du fond et c’est dommage de s’arrêter dessus. C’est un film complexe et dense tant les références sont difficiles à percevoir mais elles participent d’une manière très importante à la compréhension général de l’œuvre. Je n’ai pas évoqué les nombreuses autres inspirations comme les films d’Andreï Tarkovski qui doivent grandement aider à la compréhension de l’œuvre de Nolan. C’est très subjectif mais je pense que Nolan tente de donner des réponses concrètes à des films comme 2001 l’odyssée de l’espace ou The Three of Life qui ont peut être une conclusion bien plus philosophique. Ce ne sont donc pas que des références, il tente réellement d’apporter ses propres réponses, il y a comme une sorte de communication entre tous ces films. Peut-être est-ce une erreur de sa part car comme à son habitude il n’essaye pas de perdre le spectateur dans différentes interprétations du film mais bien de donner une réponse concrète et logique. Même si j’apprécie beaucoup ses réalisations c’est un gros reproche qu’on pourrai lui faire dans l’ensemble de sa filmographie. Comme dans un Inception ou un Memento pour lui tout doit être toujours expliqué d’une manière scientifique. Il laisse peu de place à l’imaginaire collectif et à la spiritualité au final. C’est ce qui fait sa force mais aussi sa faiblesse.  Malgré tout ses films sont d’une grande qualité, ils sont très intelligemment réalisés et ils touchent bien souvent un très large publique, ce qui est paradoxal. Interstellar que je considère comme un chef d’œuvre est d’ailleurs pour moi son meilleur film, son œuvre la plus aboutie, la plus magistrale malgré des incohérences et des passages peut être moins maîtrisés.

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